La révolution TNT pour les chaînes locales

Ce n’est plus un mirage : seize télévisions locales sont enfin diffusées sur la TNT depuis la mi-septembre. Un passage longuement attendu dont on peut dès aujourd’hui mesurer les effets même sans connaître les résultats de l’étude Médiamétrie, disponibles en janvier. Petit tour d’horizon de ce qu’en perçoivent aujourd’hui certaines de ces chaînes : LM tv, TéléGrenoble, TV Tours et Orléans TV…

Au Mans : la révolution numérique !

Canal 8 le Mans a profité du passage au numérique hertzien à la mi-septembre (sur le canal 23) pour faire sa « révolution ». D’abord en changeant de nom et en devenant LM tv (Le Mans télévision Sarthe)) et en installant de nouveaux programmes dont un JT en direct tous les soirs.

C’est un vrai virage pour Pascal Brulon, directeur de Canal 8 Le Mans devenu LM tv (un nouveau sigle qu’il faut bien orthographier avec le tv en minuscule précise-t-il), « Notre première révolution a eu lieu en 2002, explique-t-il. Quand nous nous sommes battus pour accéder à une zone de diffusion plus importante. À l’époque, nous n’avions encore que 2h30 de programmes frais par semaine, progressivement, nous sommes arrivés à 10h et aujourd’hui, nous sommes en mesure de fournir les 12 heures qu’exige notre cahier des charges. »

Un changement majeur
En cinq ans, la chaîne qui s’adressait, à l’origine, aux seuls téléspectateurs câblés (elle a été créée en 1994), a pris de l’ampleur, s’est transformée et joue désormais dans la cour « départementale » comme en attestent son nouveau nom et nouveau logo qui intègrent pleinement la région Sarthe. Elle concerne donc les 600 000 habitants de la Sarthe et déborde sur les départements voisins (plus de 1,5 millions, personnes seraient « arrosées »). Un changement de nom qui intègre un nouveau découpage territorial, mais tient compte aussi du nouvel environnement télévisuel : « Sur la TNT, l’existence d’une chaîne intitulée « Direct 8 » pouvait prêter à confusion avec Canal 8 », rapporte Pascal Brulon .

L’info, « plaque tournante » de la région
Dotée d’un studio d’enregistrement et d’une régie qui permettent des opérations décentralisées, la chaîne compte sur l’information locale avec un JT quotidien à 18h30 pour devenir un « passage » obligé pour tous les téléspectateurs de la région. En grandissant, la télévision construit aussi une grille plus « thématisée » avec des rendez-vous réguliers : sports et info les lundis et vendredis, divertissement les mardis et jeudis, culture le mercredi, spectacle vivant le samedi et documentaire le dimanche.

Une régie publicitaire est née
Autre nouveauté patente : la création d’une régie publicitaire qui permet à la chaîne de compter sur 50% de recettes publicitaires. Soutenue par les collectivités locales et notamment la ville du Mans (le lancement TNT a d’ailleurs été effectué depuis la Foire du Mans), LMtv compte bien, comme le note Pascal Brulon « répondre à une attente énorme du monde rural ». Défendre une « attache territoriale » est donc essentiel pour cette télévision qui va devoir tout de même faire face avec son extension en numérique à des frais de diffusion nettement plus élevés. « Environ 20% du budget global qui s’élève actuellement à 800 000 euros » précise le directeur de la chaîne.

Télé Grenoble : un deuxième émetteur en décembre

Avec un nouvel émetteur installé début décembre pour couvrir le Voironnais (Voiron et alentours), la chaîne s’installe dans sa nouvelle dimension. « Pour l’instant, précise Francis Raux, directeur de Télégrenoble, nous n’avons que des impressions concernant l’impact de notre passage au numérique. Les mesures de l’étude Médiamétrie qui nous serons fournies en janvier, nous permettront de le mesurer avec plus de précisions. D’ores et déjà, selon les chiffres de TDF, on sait que cela nous apporte un plus de 80 000 téléspectateurs potentiels. Et, par retour de mails, essentiellement, nous constatons que l’on nous capte plus facilement. » Si les résultats de cette étude d’audience sont très attendus, ils n’auront pas d’incidences directes sur l’orientation éditoriale, fixée au préalable. « La chaîne entame sa saison 3, souligne le directeur de Télégrenoble. Ce qui signifie aujourd’hui inverser les tendances : elle était à 80% mobile et à 20% sédentaire, nous allons faire le contraire et allons désormais étoffer notre grille avec un JT quotidien d’un quart d’heure en direct, des coproductions et des grandes émissions en direct, dans le domaine sportif notamment. »

TV Tours : une vraie cohérence territoriale

Jusqu’ici tout va bien… Pour la directrice de TV Tours, Maguelone Hedon, le passage au numérique a été un sans-faute, d’un point de vue technique. « Les seuls soucis, nous les avons connu il y a peu, explique-t-elle, il a fallu faire une relance sur l’initialisation, ce qui est toujours un peu embêtant. Mais aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre. » Pour ce qui est de l’impact, Maguelone Hedon, est catégorique. « On est plus vu, grâce à la TNT. On a beaucoup de retours sur les programmes et leur amélioration… » Certes, l’investissement en la matière a été conséquent avec de nouveaux programmes (« Un mois dans les médias », une mensuelle en collaboration avec la Nouvelle République et France Bleue, « Questions de métier » par exemple) et surtout une nouvelle couleur, plus familiale, donnée au débat dans la vitrine quotidienne de la chaîne, l’émission de 18h, le vrai « prime time », on le sait, de la télévision locale. « On a un peu « décravattée » l’antenne », résume la directrice de TV Tours. Et cela, pour séduire le plus grand nombre : avec le numérique, TV Tours devrait doubler son potentiel de téléspectateurs (de 400 000 à 800 000). « Notre installation sur le R1 élargit notre zone de couverture en toute logique, souligne Maguelone Hedon. C’est parfaitement cohérent d’un point de vue territorial. »

Orléans TV : « La TNT, du tout bon et du tout bonus »

En six mois de fonctionnement par voie analogique hertzienne, Orléans TV, chaîne du groupe Hersant Média née le 27 mars 2007, a eu tout juste le temps de rôder ses programmes. « Le déploiement en numérique était évidemment attendu, remarque Serge Bidault, directeur général. Mais à l’évidence, c’est du tout bon et du tout bonus. » Bâtie sur les thèmes environnement, société, culture, sport et musique qui se déclinent en treize émissions, la grille des programme réponds aux exigences d’une ligne éditoriale plus départementale que locale. « L’Orléanais se déplace beaucoup, précise le directeur d’Orléans TV. 8000 d’entre eux travaillent d’ailleurs à Paris et s’y rendent tous les jours. La couverture éditoriale doit tenir compte de ces données sociologiques et géographiques. Pour moi, faire du local ne signifie pas être fermé aux autres, bien au contraire. Je pousse les alliances jusqu’au pays nantais avec des collaborations avec Le Mans par exemple, j’ai également des projets de « remontées » d’images en provenance d’Angers. »